Ténébrisme - Sisyphe

Genre : Dark ambient / Post metal

Label : indépendant

Localisation : France

Sortie : 8 novembre 2024

Ténébrisme est un one man band français des plus singuliers : l’entièreté de son œuvre (quatre albums désormais) est instrumentale. A ses débuts la musique de cette entité baignait à la fois dans un black metal aux guitares agressives et dans un registre dark ambient déjà prononcé. Peu à peu la musique a évolué vers des ambiances beaucoup moins black metal dans la forme mais toujours aussi mystérieuses dans le fond. Tel était déjà un peu le cas du disque précédent « Nous n’avons que le choix du noir » paru l’an dernier.

Pour ce quatrième opus, l’exploration se poursuit pourrait on dire. « Sisyphe » se compose, en effet, de seulement deux titres, une forme qui en soit n’est déjà pas banale.

Le premier de ces titres, qui peut être perçu comme une forme d’introduction, est une interprétation de « La question sans réponse » du compositeur américain Charles Ives. C’est là un trait commun à toutes les productions de Ténébrisme que de comporter une « reprise » d’artistes ou de compositeurs plutôt avant-gardistes (Philip Glass, Dead Can Dance et Alexandre Scriabine pour les précédents albums). A la fois éthérée avec un fond ambient mais aussi angoissant avec des stridences de guitare, ce titre est un peu la porte d’entrée dans un univers embrumé qui va pleinement se développer dans la seconde et donc dernière composition.

Un titre monumental, il faut bien le dire, puisqu’il dépasse quarante minutes ! Il est intitulé « Sisyphe », du nom de ce personnage de la mythologie grecque condamné par les dieux à hisser un rocher au sommet d’une montagne du haut laquelle il finit toujours par tomber. C’est ce personnage que l’on retrouve sur l’artwork, reprenant une œuvre de l’artiste symboliste allemand Franz Von Stuck.

Cette longue pièce commence dans une ambiance, elle aussi, plutôt éthérée avec une guitare réverbérée lui conférant un côté post rock. Puis entre la sixième et la septième minutes, la musique s’emballe avec une batterie qui pour le coup renvoie au black metal avant de retomber dans des ambiances quasi minimalistes. De mouvements en mouvements, on se laisse saisir et emporter par le flot des notes de guitare comme on se fait absorber par les claviers envoûtants. Tour à tour, on passe d’un sentiment de contemplation dans les parties les plus calmes à une forme de sidération mêlée de rage quand la musique se fait plus vigoureuse.

Dans un cas comme dans l’autre, Ténébrisme, propose avec « Sisyphe » une musique à la fois inventive et surtout incroyablement immersive. Un album hypnotique, terriblement prenant par ses lentes oscillations entre lumières et ténèbres.

L. - 8,5/10