Saor -Origins (2022)

Style : black metal folk

Label : Season of Mist

Localisation : Ecosse

Sortie : 24 juin 2022

  Alors que « Amidst the Ruins » va sortir dans quelques jours, revenons un peu sur « Origins » (2022), cinquième opus de Saor, le premier paru chez Season of Mist. Après avoir fait plus que ses preuves avec des albums souvent fleuves mêlant pèle mêle black metal, musique folk avec pour toile de fond l’Ecosse, Andy Marshall se retrouvait propulsé sur ce que l’on peut légitiment appeler un gros label.

Avant même la sortie de « Origins », Season of Mist avait proposé une réédition des trois premiers albums de son nouveau poulain, sans oublier la sortie du deuxième opus de Fuath, autre projet d'Andy Marshall. Tout semblait aller dans le meilleur des mondes. Semblait car dans les faits, « Origins » a été accueilli assez tièdement par les uns et les autres : trop court, trop instrumental, trop commun, trop formaté, chant moyen, bref le disque n’a pas fait l’unanimité.

Avec un peu plus de deux année de recul, je dois avouer que c’est l’album de Saor que j’ai le moins écouté sur la durée. Cela n’en fait pas pour autant un mauvais album mais c’est un fait cet album ne m’a pas emporté comme d’autres avaient pu le faire.

Mais là est toute la différence entre un artiste et un auditeur. L’auditeur a ses petites habitudes et, comme toute manie, il a du mal à en changer. L’artiste, lui, est par essence un créatif, il finit toujours par aspirer à faire évoluer son œuvre, à explorer de nouveaux chemins. C’est ce qu' Andy Marshall a fait sur « Origins », tout comme il l’avait fait déjà pour le deuxième album de Fuath en s’aventurant dans des contrées plus black metal et en écrivant des compositions plus ramassées, plus efficaces et peut-être plus faciles à transposer en concert.

Or avec Saor, mon habitude était de me laisser emporter et de me perdre dans d'amples compositions entrecoupées de plages de violon, de flûte...un univers propice à une certaine forme de rêverie avec les majestueux paysages des highlands en toile de fond. Par leur durée plus brève, les six compositions de « Origins » ne permettaient plus autant cela. En forçant un peu le trait, Saor allait presque trop vite en besogne.

Pourtant en remettant les oreilles dedans, il n’y a musicalement pas grand-chose d’autre à reprocher dans cet opus aux mélodies toujours magnifiques et aux accents épiques plus prononcés mais maîtrisés. Alors oui, les morceaux de« Origins » sont plus courts tout en s'avérant très instrumentaux aussi. Andy Marshall n’a jamais caché qu’il n’était pas le plus à son aise quand il s’agissait d’écrire les paroles et de chanter. Or, il ne s’en tire pas si mal, contrairement à ce qu’on a pu le lire ici et là.

D’une, les paroles de « Origins » sont très travaillées avec cette immersion dans l’univers des Pictes, les farouches ancêtres des Ecossais. Le contrat est donc plus que rempli de ce coté là.

De deux, le chant s’est enrichi avec davantage de voix claires, des chœurs, des voix féminines.  Ce n’est pas parfait ? Andy Marshall a laissé de côté ses accents les plus rauques? Peut-être… question de goût personnel.

Et de trois si la musique supplante le chant, elle est d’une telle fluidité qu’elle parle autant que n’importe quelle voix. L’émotion dans Saor passe beaucoup plus par la musique que par le chant et c’est bien là un des traits forts du groupe.

Rétrospectivement, j’avoue avoir donc été quelque peu sévère avec « Origins » pour la simple et bonne raison qu’il perturbait les habitudes que j’avais noué avec Saor. Reste que ces six titres sont bourrés de mélodies et que si ces compositions se rapprochent davantage du format chanson et bien ce sont de très bonnes chansons. « Origins » n’en deviendra pas pour autant mon album préféré du groupe mais il s’invitera probablement un peu plus sur la platine que lors de ces derniers mois. Il n'y plus  à voir ce que « Amidst the Ruins » explorera comme chemin...même si on en a déjà une petite idée...

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