
Style : black metal atmosphérique
Label : Napalm Records
Localisation : Pologne
Sortie : 3 janvier 2025
Il en a coulé de l’encre sur le schisme qui a traversé le groupe polonais avec d’un côté le Batushka de Krzysztof "Derph" Drabikowski et de l’autre celui de Bartłomiej Krysiuk. Dans cette affaire, il faut bien dire que c’est souvent le dernier cité qui a récolté le rôle du méchant, se voyant accusé de diverses choses ou affublé de bien des noms d’oiseaux. Après si on s’en tient à un terrain plus strictement musical, le Batushka de Bartłomiej s’est avéré le plus prolifique avec un album, deux EPs et un live quand celui de Krzysztof "Derph" Drabikowski n’a proposé qu’un seul opus qui date maintenant de près de six ans…Alors on pourra arguer de la qualité des dites productions mais si il y a quelque chose qu’on ne peut enlever à Bartłomiej c’est sa créativité et sa volonté de faire avancer sa formation.
La justice polonaise ayant fini par trancher en faveur de Krzysztof "Derph" Drabikowski, le Batushka de Bartłomiej est donc devenu Patriarkh et propose déjà un premier album intitulé « Prorok Ilja » (Пророк Илия en cyrillique).
Une fois de plus le concept est très élaboré et se centre cette fois sur le personnage de Eliasz Klimowicz, un paysan polonais qui avait fini par s’autoproclamer nouveau prophète au début du XXe siècle. Le prophète Elie, comme on le surnommait, était parvenu à regrouper autour de lui un nombre de fidèles suffisamment conséquent pour que les autorités de l’Église orthodoxe s’en inquiètent. S’en sont suivis diverses querelles et autres conflits religieux et juridiques...Tiens, tiens cela ne vous rappellerait pas quelque chose ?...Un peu comme il l’avait fait en 2020 avec l’EP « Raskol » (mot désignant un schisme de l’Église orthodoxe russe en 1666), Bartłomiej Krysiuk transpose donc subtilement l’histoire dans celle de son groupe.
Chacune des huit piste est intitulée Wierszalin ( Вершалин), du nom de la la colonie que Eliasz Klimowicz a fondé dans les années 30 et qu’il concevait comme la « nouvelle Jérusalem ». Tout au long des quarante minutes, Patriakh nous conte donc les différentes étapes qui ont prévalu à la constitution de ce groupe religieux dissident qui s’est dissout suite à l’arrivée des troupes soviétiques dans la région en 1939 et à la mystérieuse disparition de son prophète.
Outre le changement de nom, cet album marque aussi un tournant musical. Se défaisant assez nettement des gimmicks de Batushka, les ambiances liturgiques et narratives l’emportent très nettement sur la pompe black metal.
Incontestablement on ne peut que relever la richesse musicale et vocale de « Prorok Ilja ». A la longue cela pourrait s’avérer lourd voire chiant mais non... tout est étrangement fluide et même si les accents atmosphériques sont très marqués, l’album passe facilement. Trop facilement d’ailleurs, à tel point qu’au final, on a bien du mal à retenir de véritables moments forts. Bien qu’il soit le fruit d’un travail intelligemment mené on a un peu l’impression que Patriakh est au black metal, ce que la musique de chambre est à la musique classique : un truc léger et distrayant mais pas guère plus.
On attendra donc une suite plus convaincante, en espérant tout de même que Bartłomiej Krysiuk n’aura pas le goût de la mise en scène jusqu'à transposer le funeste destin du prophète Elie à son groupe.
N – 5,5/10
Tracklist :
1. Вершалин I / Wierszalin I (01:21)
2. Вершалин II / Wierszalin II (04:11)
3. Вершалин III / Wierszalin III (05:59)
4. Вершалин IV / Wierszalin IV (05:29)
5. Вершалин V / Wierszalin V (04:17)
6. Вершалин VI / Wierszalin VI (04:41)
7. Вершалин VII / Wierszalin VII (06:30)
8. Вершалин VIII / Wierszalin VIII (07:58)
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