
Style : post black metal
Label : Season of Mist
Localisation : France
Sortie : 24 janvier 2025
Arrivant plus de cinq ans après leur dernier album, « Kadath » est le cinquième opus du quintet lovecraftien The Great Old Ones. Album, opus... on pourrait tout aussi bien dire volume tant chaque œuvre du groupe est dense et retranscrit en musique divers récits de l’écrivain américain. De « Al Azif » à « Cosmicism », la discographie de The Great Old Ones est à la fois d’une richesse et d’une cohérence rare avec ce post black qualitatif, souvent exigeant mais étonnamment accessible. Car c’est bien là une autre qualité de cette formation que de savoir faire œuvre de vulgarisation. Bien sur les lecteurs de Lovecraft pourront à loisir décortiquer chaque album à l’aune des œuvres de l’auteur et ils ne manqueront probablement pas de matière. Mais nul besoin d’être un mordu de cette littérature pour ressentir le souffle glacial qui traverse les pièces musicales des grands anciens. On ne va peut-être pas aller jusqu’à dire que les différents albums pourraient se substituer aux livres mais avec les qualités narratives développés par The Great Old Ones, on en est pas si loin.
Pour « Kaddath », Benjamin Guerry et ses comparses ont vu grand et se sont attelés à l’œuvre la plus longue et dense du «Cycle des rêves » : « La Quête onirique de Kadath l'inconnue » (The dream-quest of unknown Kadath). Au menu des réjouissances un peu plus d’une heure de musique pour des morceaux compris sept et quinze minutes (à l’exception de l’interlude « The Gathering »).
Sur bien des points ce cinquième chapitre des grands anciens est avec « EOD (A Tale of Dark Legacy » un de ses albums les plus aventureux et chaotiques et on sent pleinement que le groupe a eu le souhait de ne pas s’enfermer dans sa zone de confort.

Le premier changement notable est d’ordre visuel et pas des moindres. En effet, exit Jeff Grimal qui, en plus d’avoir été membre du groupe, avait jusque là réalisé tous les artworks des albums précédents. Place, cette fois, à l’artiste polonais Jakub Rebelka pour un résultat quelque peu mitigé. Mais l’évolution la plus notable se situe au niveau musical où l’on peut sentir que The Great Old Ones a plus lâché la bride qu’il ne l’avait fait dans « Cosmicism ». Cela commence avec le très varié « Me, the Dreamer » qui entame l’album à vive allure avec un groove assez entraînant. Fort de dix minutes, la composition bascule à mi chemin vers une ambiance plus lourde et inquiétante pour se terminer sur une de ces lignes mélodiques dont le groupe a le secret. Plus encore qu’à son habitude, The Great Old Ones met en exergue sa capacité à composer de véritables récits musicaux et parvient à leur donner une dimension cinématographique. Assez légitimement on peut penser que le projet de « ciné concert » mené par le groupe il y a quelques temps autour du film « The Call of Cthulhu » semble avoir eu une influence notable sur un certains passages de « Kadath ». On pensera notamment au final de « In the Mouth of Masdness » mais aussi à la place que prennent les morceaux instrumentaux, qu’il s’agisse de l’interlude « The Gathering », du colossal « Leng » ou même de la reprise de Jean Michel Jarre disponible dans la version deluxe. Un peu comme lors de cette expérience cinématographique, le groupe sait distiller lors des moments d’accalmie des sonorités plus feutrées presque un peu jazzy notamment au niveau de la batterie.
En résumé, il y a dans « Kadath », la volonté d’explorer ou d’approfondir de nouvelles pistes, ce qui est tout à l’honneur du groupe. Personnellement si j’ai bien accroché à la première moitié de l’album, j’ai eu tendance à décrocher de la seconde que j’ai trouvé trop labyrinthique. Cette appréciation toute personnelle, ne doit toutefois pas voiler le travail assez incroyable accompli par le groupe sur cet opus. Sans préjuger de l’avenir si « Kadath » ne sera probalement pas mon album préféré de The Great Old Ones (indétrônable Tekeli-Li...), il mérite une place des plus respectables par sa densité et son ampleur.
N – 7,5 / 10
Tracklist :
1. Me, the Dreamer (10:55)
2. Those from Ulthar (09:10)
3. In the Mouth of Madness (07:11)
4. Under the Sign of Koth (08:46)
5. The Gathering (01:19)
6. Leng (15:00)
7. Astral Void (End of the Dream) (08:54)
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