Räum - Emperor of the Sun

Style : black metal

Label : Les Acteurs de l’Ombre Productions

Localisation : Belgique

Sortie : 21 février 2025

A peine deux ans après leur premier album « Cursed by the Crown » (sur lequel nous étions revenus il y a quelques semaines ici), Räum est de retour avec « Emperor of the Sun » qui attire immédiatement l’œil avec son bel artwork. Celui-ci est signé de la main de Sözo Tozö, une artiste peintre que l’on commence à bien connaître désormais et dont les réalisations ornent les derniers album d’Ars Moriendi, Lunar Tombfields ou Mòr.

Avec une telle pochette évoquant l’époque babylonienne et un tel titre, on aurait pu s’attendre à un album lumineux. Il n’en est rien, car si des éléments suggèrent le zénith, d’autres comme cette tour de Babel en flammes et ce ciel chargé montrent qu’il va être davantage question de déclin et de chute.

Il n’y a d’ailleurs pas longtemps à attendre pour comprendre que la musique développée par Räum est bien plus rude qu’on ne l’imaginait tant «Eclipse of the Empyreal Dawn » débute sur un tempo extrêmement puissant avant de redescendre dans une ambiance plus immersive, ponctuée d’harmonies et même de voix féminines. « Nemo Me Impune Lacessit » qui le suit joue un peu plus encore sur les contrastes, alternant davantage encore parties rapides et éthérées. Un peu plus loin avec « Grounds of Desolation », Räum opte pour la carte d’ambiances pesantes et introspectives avec quelques notes mélodiques égrenées qui pourront rappeler à certains Amenra.

« Towards the Flame » annonce la reprise des hostilités et se pare même de quelques arrangements cuivrés qui apportent une note tout à fait nouvelle à la musique de Räum avec un pont plus intimiste qui permet de souffler avant un final haletant. Peu à peu l’album semble glisser vers une quête plus intérieure où l’homme semble se débattre entre volonté de se maintenir au sommet et  le constat de son inéluctable chute. Les très beaux « Obscure » et « Emperor of the Sun » illuminés de motifs mélodiques, de passages en voix claires ou de ces sonorités de cuivre laissent le sentiment d’une déchéance irrémédiable qui trouve son dénouement dans le morceau final « A Path to the Abyss ».

Vous l’aurez donc compris ce nouvel opus de Räum est un album immersif qui oblige à des écoutes assez attentives et répétées. Ce n’est pas un disque totalement immédiat qui se dévoile facilement et entièrement à l’auditeur en une ou deux écoutes. Le son et la voix du chanteur sont assez rêches. L’une des particularités du groupe est qu’il n’y a pas de basse pour arrondir le son, cela explique peut-être cela et contribue à ces sonorités parfois un peu arides qui peuvent rappeler un peu le black metal norvégien des années 1990.

Par rapport à son album précédent, Räum a sans conteste affirmé sa personnalité. Exit les comparaisons avec Wiegedood donc. Exit également les transitions parfois un peu longues de « Cursed by the Crown ». La formation d’outre Quiévrain s’est attelée à créer des compositions à la fois plus ramassées et plus profondes. Les différents arrangements, notamment ces fameux cuivres, amènent quelque chose d’intéressant et de cohérent avec le propos du disque, on pourrait même parfois regretter qu’ils soient un peu loin dans le mix. Qui sait ? Ce sera peut-être une voie à explorer pour la suite...

Toujours est-il qu’avec sa musique qui navigue entre plusieurs eaux noires, « Emperor of the Sun » s’avère un album assez captivant. Un petit peu austère de prime abord, il se révèle d’un bel équilibre avec suffisamment d’éléments pour avoir envie d’y revenir et assez de matière pour satisfaire de nombreuses écoutes. Autant d’aspects qui font de Räum un groupe de plus en plus intéressant.

N - 8,5 / 10