Style : black metal
Label : Osmose Productions
Localisation : France
Sortie : 27 septembre 2024
Après « Allégeance » en 2021, « Par le Feu » en 2024, voici « Irrévérence », le troisième album de Diablation sorti il y a peu chez Osmose Productions. Fondé par Vicomte Vampyr Arkames et V. Orias A, le groupe restera, malheureusement, comme une comète qui aura furtivement traversé le ciel du black metal français. Cet opus est, en effet, annoncé comme le dernier de Diablation. Mais une comète, aussi fugace soit son passage, c'est aussi un événement mémorable et les trois disques du groupe le sont et le resteront. Mais une comète, c’est aussi, dans certaines croyances populaires, un mauvais présage, l’annonce de catastrophes ou de changements de grandes ampleurs.
Une thématique pas si éloignée de celle de « Irrévérence » qui dépeint le destin d’un peuple élu, sauvé d’une fin du monde qui approche. Ces « élus », ce sont les 144000 du livre de l’Apocalypse auxquels fait référence la courte introduction de l’album. Tout au long de cet opus le Vicomte Vampyr Arkames va puiser dans ces références spirituelles autant d’éléments pour bâtir un récit métaphorique qui à bien y regarder n’est rien d’autre que le portrait de notre triste monde. La figure de style pourrait d’ailleurs s’appliquer à une bonne partie de la scène black metal contemporaine qui en bien des points est atteinte des mêmes maux, entre hypercommunication, affichage et recherche avide de reconnaissance voire de succès.
« Irrévérence » est un subtil pamphlet contre tout cela, un regard dédaigneux posé sur une spiritualité superficielle, une flamboyance sombre contre le modernisme chevillé au corps de ce nouveau prophète appelé progrès.
On ne sera donc pas surpris de découvrir ici un black metal volontiers classique, animé par cette flamme qui était celle de la scène française dans la période du milieu des années 90 : de la noirceur, des mélodies, de multiples contrastes qui apportent une véritable tension dans la musique. On peut y trouver aussi une certaine forme de poésie sombre et symboliste, au travers notamment de paroles écrites avec soin et dans une belle langue. Les éléments que l’on nommera par facilité symphoniques sont bien présents tout au long de ce dernier chapitre, ils renforcent la touche sombre et profonde, cela donne aussi parfois un côté grandiose à la musique de Diablation mais sans la pompe que l’on rencontre chez les formations dites « symphoniques ».
Enracinée dans le passé, la formation n’y est pour autant pas enterrée. Le son de « Irrévérence » n’a rien de vieillot, il a cette patine des temps anciens sans pour autant se complaire dans quelque chose de daté et de difficilement audible. Les sonorités sont au contraires équilibrées et permettent d’apprécier aussi bien les riffs féroces et les mélodies des guitares que le chant glaçant de Vicomte Vampyr Arkames. On relèvera aussi le beau travail à la batterie de Remi Serafino, venu préter main forte au groupe sur cet ultime album qui, vraiment, ne présente donc aucun défaut ou aucune faiblesse.
De quoi regretter la fin de ce projet quand résonne l’ultime morceau « Le dernier roi » qui constituera donc les derniers mots d’un Vicomte Vampyr Arkames désormais « voué au silence » (pour reprendre les mots de la biographie du groupe).
Qu’en sera -il donc de l’avenir? Nous ne le savons pas... Mais cette trilogie et ce troisième opus constituent des œuvres de haute lignée pour tout amateur éclairé de black metal français.
N - 9/10
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