Style : black metal
Label : Supreme Chaos Records
Localisation : Allemagne
Sortie : 18 octobre 2024
Un peu plus d’un an après « Against Leviathan », le one man band allemand Bonjour Tristesse est déjà de retour avec son quatrième album « The World without Us », toujours chez Supreme Chaos Records.
Ce nouvel opus étant le second d’un diptyque que Nathanael consacre à la confrontation dystopique entre le monde industriel et la nature, on trouvera une continuité évidente entre cet album et le précédent. Cela commence par l’artwork qui reprend les mêmes codes couleurs et graphiques. Mais alors que dans « Against Leviathan » on était dans une scène dominée par la nature avec un Zeppelin en flammes dans le ciel, ici le cadre est envahi par une friche industrielle dans laquelle se démarque un loup solitaire et quelques corbeaux.
On avait aussi pu relever précédemment que « Against Leviathan » marquait pour Bonjour Tristesse une inclinaison vers des sonorités plus agressives ce qui se confirme sur « The World without Us ». Le premier titre « Running on Emptiness » en est la parfaite illustration et donne lieu à un déchaînement instrumental autant que vocal. Nathanael y décrit une humanité destructrice et avide ayant complètement perdu le fil de son destin dans une course à la technologie qui sera sa propre perte :
« We are running - with bleeding feet,
Always running - going nowhere.
We are running - with broken limbs.
Running on emptiness. »
Loin de jouer la seule carte de la brutalité, « Running on Emptiness » se pare également de mélodies entêtantes et désenchantées. C’est là une des marques de fabrique de Bonjour Tristesse que de lier dans une musique très cohérente les fondamentaux du black metal le plus noir avec d’autres que l’on qualifierait plus volontiers d’atmosphériques ou de post black.
« Lightbearer », second titre de l’album, en est un bon exemple, aussi bien dans sa musique que dans ses paroles, qui font intervenir Satan mais pas comme on le ferait habituellement dans le black metal...
Dans cette première partie d’album plutôt vigoureuse, le long titre éponyme et ses quatorze minutes font office de rupture. On bascule vers des sonorités, certes toujours âpres, mais qui vont s’alterner ou cohabiter avec des tonalités mélancoliques de plus en plus désespérés voire tragiques. En musique comme en mots, le destin de l’inhumanité est train de se sceller :
« The end of this society
will be a stunning sight.
The sun will not be seen
and it will always be night
And there will be the most beautiful silence never heard
Born out of that. »
« Against the Grain » se rapproche encore un peu plus de la fin dans une atmosphère à la fois éthérée et grandiose qui sonne beaucoup plus post black. La mélodie est hypnotique et contraste joliment avec le timbre de voix acre de Nathanael, on pourrait presque parler d’une sorte de balade black metal où domine la contemplation de l’horreur de ce que nous sommes. Quand sonne l’heure du dernier et de « The Great Catastrophe » , on glisse de plus en plus dans un mélange d’affliction pure aux accents presque dsbm et des parties plus relevées follement cadencées. Les dix minutes du morceau se referment sur une mélodie et des notes éthérées comme un soleil qui se coucherait avant une nuit éternelle.
Comme il avait déjà su le faire avec « Against Leviathan », Bonjour Tristesse déploie une vision très personnelle du black metal. Empreint d’un regard à la fois acerbe et poétique, qu’il traduit aussi bien en musique qu’en paroles, Nathanael continue de développer son univers et sa vision pessimiste du monde et de l’humanité. « The World without Us » n’est peut être pas d’une écoute toujours évidente mais celui ou celle qui y portera une oreille attentive ne pourra qu’être frappé par l’évident talent émotionnel de son auteur.
« We are the nothingness. The endless night.
We are the curse. Death triumphant. The eternal blight.
Oh, what a glorious sight! Oh, what a pathetic sight!
What an utterly disgusting sight! »
N - 9/10
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