Soupir – Écoute s’il pleut

Style : atmospheric / depressive black metal

Label : Remparts Productions

Localisation : France

Sortie : 22 octobre 2024

Après quelques péripéties « labelistiques », le duo français Soupir revient nous fracasser l’âme avec son deuxième EP intitulé « Écoute s’il pleut ». Sortis il y a quelques temps chez Remparts Productions et Acid Vicious (qui avaient déjà publiés leur premier effort en Cd et en cassette), les sept titres de ce cet EP nous replongent dans un univers cabossé où plane l’ombre de la poésie noire.

Fidèle aux inspirations qui sont les siennes, Soupir s’enfonce un peu plus loin encore dans les méandres d’un black metal décharné mais incarné. Le son est volontiers maigrelet et sec comme un coup de trique comme pour mieux souligner une atmosphère maladive que certains qualifieront de dépressive.

Qu’importe le vocable, on retrouvera, ici, un ensemble chaotique où les cris côtoient des lignes mélodiques fracassantes aussi bien que des passages mélancoliques de piano ou une piste guitare acoustique / chant totalement inattendue.

Cultivant une certaine forme de dandysme sombre et imprévisible, Coeur Doré et Notre Dame Dieumegard ne choisissent pas entre la musique ou la littérature mais lient intimement les deux. Ils puisent les mots aussi bien dans leur propre âme que dans celle des auteurs Roland Devresse ( « Un oiseau », « Sauve qui peut ») et Fredy Leroux (« Je hais le ciel »). La poésie d’inspiration baudelairienne y côtoient aussi bien des mots plus contemporains que quelques jurons du capitaine Haddock. « Ecoute s’il pleut » est un fracas chaotique, aussi difficilement appréhendable et admirable que le geste de celui qui va se passer la corde au cou après une nuit d’ivresse et de dérive.

L’idée ici n’est pas de forcément de faire du beau au sens commun du terme. Beaucoup trouveront cet EP laid et mal foutu mais c’est oublier que le black n’est pas spécialement fait pour être beau et raffiné. Ici il est davantage question de développer, sans fard ni artifice, une sorte d’esthétique maladive avec des ambiances inquiétantes, étranges et entêtantes. C’est un peu comme un verre d’absynthe qu’on exhiberait sous le nez d’un néophyte. Cela peut rebuter mais aussi attirer. Mais si on ne boit pas le verre, il n’y aura pas d’ivresse...Un black qui s’abîme autant qu’il abîme et qui parlera probablement aux adeptes de Sale Freux ou du Dëgénérescence des premières années.

N - 8/10