
Genre : black metal
Label : Season of Mist
Localisation : Ukraine
Sortie : 21 mars 2025
Je ne vais pas m’en cacher, car cela aura forcément une influence sur l’avis que je peux avoir sur ce treizième album de Drudkh, mais Roman Saenko fait partie du petit cercle très fermé des artistes pour lesquels j’ai une considération qui va au-delà de la moyenne ordinaire. La faute à ses différents projets musicaux qui répondent à différentes aspirations dans lesquelles je me retrouve, que l’on parle de Drudkh ou de Hate Forest mais aussi de Precambrian. La musique ou plutôt les musiques ont bien évidemment un rôle primordial dans cet intérêt. La personnalité du bonhomme n’est pas inintéressante aussi avec ce choix de se tenir à l’écart de la sphère publique et médiatique. Pour un artiste ou groupe de cette stature, ce n’est pas si courant finalement de tenir cette posture sur le long terme.
Alors forcément quand Drudkh sort un nouvel album, la curiosité est de mise et ce avec une oreille plutôt bienveillante. Un peu comme à l’habitude aussi il faudra probablement supporter les sempiternels commentaires des uns ou des autres nous rabâchant les oreilles que au-delà de ses trois ou quatre premiers albums légendaires, Roman Saenko ne fait que des albums quelconques et n’a rien plus rien à dire. Ben voyons...Vingt années à exalter la nature et la culture ukrainienne, dix à vivre dans l’est de ce pays en proie à l’occupation russe et à la guerre. Voilà vraiment l’archétype d’un artiste qui n’a absolument rien à dire et à partager. Cela ne fait pas pour autant de Drudkh une tribune politique ou quelque chose de ce genre...parlons plutôt d’une sorte de manifeste à la fois poétique et réaliste.
Il flotte sur « Shadow Play », un petit air printanier, la date de sortie n’est peut-être pas innocente d’ailleurs. Tout commence par «Scattering the Ashes » et quelques pas dans l’herbe. Une première piste qui s’allonge et semble n’en pas finir, comme l’hiver ukrainien. Son ombre plane longtemps et se joue parfois de printemps balbutiant en lui assénant quelques morsures, comme un rappel que les beaux jours ne sont pas encore tout à fait là. On parle d’hiver, de printemps... mais il pourrait tout aussi bien s’agir de la guerre et de la paix, de la vie ou de la mort, du passé ou du présent. Drudkh cultive l’art de la métaphore, laissant le champ libre à l’interprétation...
Le résultat musical est un album plus contrasté que « All Belong the Night » qui était, dans sa globalité, plus vindicatif et colérique. « Shadow Play » contient davantage de passages contemplatifs avec des boucles mélodiques qui vont prendre le temps de se développer et de s’infuser. Parfois quelques notes de claviers se font entendre et amènent une touche onirique (« The thirst »). Les contrastes sont d’autant plus frappants que l’on retrouve aussi des pistes ou des passages plus vigoureux qui n’auraient pas dépareillés dans le précédent album. C’est le cas de la de« April » ou du assez épique « Eve ». Parfois Drudkh laisse plus encore remonter sa rage viscérale comme dans l’excellent « Fallen Blossom » qui constitue le climax de l’album.
« Shadow Play » ne surprendra donc pas énormément. Le disque évolue dans le sillage de ce que le groupe ukrainien a proposé ces dernières années. Outre la beauté intrinsèque de la musique de Drudkh, on retiendra toutefois un jeu de clair obscur plus marqué qui donne à ce très bon disque une personnalité davantage tiraillée entre contemplation et éruptions âpres.
N - 8,5/10
Tracklist :
1. Scattering the Ashes (07:23)
2. April (11:11)
3. The Exile (10:12)
4. Fallen Blossom (06:50)
5. The Eve (07:07)
6. The Thirst (12:21)

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