
Genre : black metal
Label : Les Acteurs de l’Ombre Productions
Localisation : France
Sortie : 16 mars 2024
Il y a un peu plus d’une année, Corpus Diavolis sortait son cinquième album intitulé « Elixiria Ekstasis ». Tout comme « Apocatastase » (2021) celui-ci paraissait sur le label français Les Acteurs de l’Ombre Productions. Cette fois pas de box somptueuse au programme mais une sortie plus classique avec tout de même une version double vinyles accordée à la dominante de blanc du package.
La première chose frappante avec « Elixiria Ekstasis », c’est bien sa pochette d'ailleurs. Elle ne fait pas dans la demi mesure. Réalisée par l’artiste chilien Kerbcrawlerghost, elle est à la fois brute par la crudité de ce qu’elle montre et remplie d’une certaine finesse par la multitude des personnages et des symboles la composant. Elle est une parfaite porte d’entrée sur un album qui va finalement avoir un peu les mêmes caractéristiques tout au long des cinquante huit minutes qui le composent. Elle va aussi à l’encontre d’une certaine standardisation que l’avènement des réseaux sociaux aux algorithmes puritains à largement accentué ces dernières années.

Se pencher sur un album de Corpus Diavolis ne peut se résumer à simplement parler de musique. L’expérience est à la fois musicale, esthétique et philosophique. Tout est réfléchi, lié et méticuleusement à sa place tout en gardant cette impression de bestialité. Pour « Elixiria Ektasis », le groupe s’est montré toujours aussi ambitieux puisant la quintessence de son travail dans, je cite : « la sexualité féminine divine, la femme libérée en tant qu’initiatrice, en union mystique avec le Chaos. Elle lève haut son calice et offre son sang, l’Elixir de l’Extase. La bestialité, poussée à son paroxysme, se manifeste dans sa pureté, puis se métamorphose en nappes d’ambiance psychédéliques, en basses fréquences progressives et en chants sacerdotaux, pour former les parchemins sur lesquels sont inscrites les visions et les formules complexes d’un Esotérisme Charnel Satanique. ». Particulièrement dense, voire pompeuse, cette description vient confirmer que pour Corpus Diavolis le black metal est bien plus qu’une musique et le satanisme bien plus qu’un simple affichage de pacotille. Depuis longtemps son leader, Daemonicreator , est impliqué dans nombre de projets liés à la philosophie sataniste. Ceux ou celles qui ont eu la chance de croiser le groupe dans des conditions scéniques idéales sauront également à quel point Corpus Diavolis a le souci de la mise en scène. La vidéo du morceau « Chalice of Fornication » est en d’ailleurs un bel exemple, même si le groupe a modifié depuis son identité scénique.
Afin d’aller au bout des choses Corpus Diavolis a enregistré ce nouvel opus au Dæmonicreation studio, le mixage et le mastering ayant été, une nouvelle confié à George Emanuel du Pentagram Studio à Athènes. Un choix tout sauf anodin, tant la scène grecque reste une des plus marquantes dans ce registre occulte et satanique.
Passé le nécessaire moment d’introduction, le groupe enchaîne sur un black des plus possédés. D’un point vue guitaristique et vocal on est dans univers familier mais qui a encore gagné en finesse et en nuances avec de multiples transitions, des passage de chant scandés et bien sur des chœurs. Ces traits on les retrouvera sur l’ensemble de l’album avec différentes variations selon la couleur dominante que le groupe entend donner à chacun des neuf titres.
« Elixiria Ektasis » sera ainsi traversé de compositions aux ambiances différentes. Le déchaînement et la frénésie habiteront ainsi, « Key To Luciferian Joy », « Vessel Of Abysmal Luxury » quand l’occulte se fera plus reptilien sur des compositions plus mid tempo comme « Carnal Hymnody ». L’aspect pleinement ritualiste se manifestera à diverses reprises notamment dans les pistes les plus amples qui laissent la part belle à des sonorités de synthé ou aux chœurs, pensons à « Cyclopean Adoration » ou le final « Chalice of Fornication ».
Certains pourront toujours reprocher à cet opus quelques longueurs mais ce grief est hors de propos par rapport aux intentions artistiques du groupe qui est justement de donner vie à un véritable rituel avec ses temporalités tantôt fulgurantes ou plus transcendantales.
Ambitieux et travaillé dans ses moindres des détails Corpus Diavolis délivre avec ce cinquième chapitre un album très abouti. Sur sa longueur « Elixiria Ektasis » est probablement moins accrocheur que ne l’était « Apocatastase » (encore que...) mais il est aussi beaucoup plus dense et riche. La multiplicité de ses nuances en fait un album qui s’appréciera dans l’immédiateté mais plus encore sur la durée, et cela c’est la marque des grands albums.
Tracklist :
1. His Wine Be Death (07:52)
2. Key to Luciferian Joy (05:16)
3. Carnal Hymnody (06:08)
4. Cyclopean Adoration (09:59)
5. Vessel of Abysmal Luxury (07:48)
6. The Golden Chamber (05:03)
7. Menstruum Congressus (04:46)
8. Enfleshed in Silence (01:09)
9. Chalice of Fornication (09:59)
Ajouter un commentaire
Commentaires