
Style : black metal
Label : Osmose Productions
Localisation : Balkans
Sortie : 27 décembre 2024
Quelques années après son premier album chez Osmose Productions, le mystérieux groupe serbe CMPT sortait en décembre dernier son second chapitre « Na utrini ». Il constitue le second volet d’une trilogie consacrée aux Balkans et initiée avec l’album « Krv i pepeo ».
Si ce dernier, dont on a parlé il y a peu (ici), se centrait essentiellement sur la guerre et la soif de sang, ce nouvel opus se veut davantage réflexif et tourné vers les terres au Nord du Danube et aux pieds des Carpathes qui ont été le cimetière de bien des conquérants.
Dixit CMPT, le mot « utrina » désigne une terre qui a été abandonnée par les hommes, une sorte de terrain vague, une friche négligée de tous.
« Na utrini » s’ouvre sur le son du vent soufflant sur ces terres, il en remonte progressivement quelques notes de guitare et une nappe de claviers à l’aspect fantomatique. Le chant est toujours aussi éraillé et semble commencer à nous raconter quelque légende. La montée se fait progressivement appuyée par des motifs mélodiques qui reviennent en boucle et sont parfois rejoints par des chœurs apportant une dimension spirituelle beaucoup plus marquée que sur le premier album.
Cette sorte de mise en place du cadre étant faite, « Oppidum Panuka » et sa suite vont marquer le véritable retour des hostilités. On va y retrouver toutes les qualités incisives et mélodique que l’on a pu apprécié chez CMPT. C’est mordant, totalement incarné et au final très prenant. Mais en plus de ces qualités purement black metal, la formation serbe glisse un peu partout dans ses compositions (à la fin, au début et parfois au milieu) différentes respirations ou inspirations qui vont lui conférer une dimension pagan plus ostensible. Attention on reste sur des touches pagan et en ce qui me concerne CMPT a le bon goût de ne jamais dépasser cette ligne rouge qui dans mon esprit est celle du trop : ici on reconnaît les bruits d’un marais et quelques cordes traditionnelles à la fin de « Oppidum Panuka », dans « Mesečina » ce sont des chœurs envoûtants, que l’on va retrouver à diverse reprises comme si un vent descendu des montagnes nous parlait. « Na utrini » comporte aussi court un instrumental sur la quatrième piste, on peut y écouter une sorte de flûte traditionnelle qui va résonner à plusieurs reprises plus loin. Cela n’empêche pas le groupe de repartir de plus belle ensuite en continuant à délivrer un black metal vraiment bien inspiré les riffs tournoyants, les mélodies ensorcelantes et les atmosphères presque shamaniques nous emmènent au coeur des anciennes croyances balkaniques.
Plus varié et plus orienté dans une veine pagan, ce deuxième album de CMPT est une nouvelle fois une réussite. Si il s’orne de côtés plus atmosphériques, « Na Utrini » reste un album de black metal incisif porté par des qualités d’interprétation remarquables. Sa musique n’a pas forcément quelque chose d’original mais la conviction avec laquelle elle est jouée est contagieuse. Difficile de résister à l’appel de ces riffs, difficile de ne pas s’imprégner de ces ambiances tantôt sauvages, tantôt plus solennelles. Difficile de trouver quoique ce soit à redire à cet album dont on ne peut que recommander l’écoute.
N - 9/10
Tracklist :
1. Na utrini (9:30)
2. Oppidum Panuka (4:57)
3. Mesečina (5:37)
4. Campus de Maxond (1:59)
5. Crna voda (3:47)
6. U raljama košave (5:35)
7. Kao srp u noći (9:26)
8. Δ ΙΣΤΡΟΥ (7:27)
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